mercredi 12 juin 2013

Evolution professionnelle et PMA

Les échanges que j'ai avec mes lecteurs m'apportent pas mal d'information sur la similitude des situations de vie entre patients de PMA. Cela me rassure personnellement : je me dis que nous n'étions pas des cas particuliers. Et cela rassure mes lecteurs, ou plutôt mes lectrices car les hommes se font rare sur ce thème.

Avec son autorisation, je partage aujourd'hui avec vous ce message que m'a envoyé une lectrice de mon livre "Père malgré tout". Elle aborde un thème très particulier : l'évolution professionnelle pendant un parcours de PMA.

La question de cette lectrice m'a d'autant interpelé que mon épouse a été confrontée à la question, comme nous l'avons raconté dans notre livre. Le parcours de PMA est tombé dans un moment charnière de sa carrière, à un moment où elle voulait changer de travail.

Seulement voilà : elle se répétait (à juste titre) que ce n'était pas le moment pour cela.

Les raisons sont multiples : (1) le changement de travail est un stress important, qu'il vaut mieux s'épargner pendant la PMA  (2) qui dit changement dit période d'essai, or il y a un meilleur moyen pour réussir sa période d'essai que d'être en retard plusieurs matins de suite pour cause d'échographie  (3) démarrer une nouvelle activité professionnelle en cherchant à tomber enceinte, ce n'est pas une situation très facile à négocier vis à vis de son nouvel employeur  (4) Démarrer un nouveau métier, c'est s'investir pendant les premiers mois, et donc se fatiguer, ce qui n'est pas une très bonne idée quand on est en PMA.

Du coup, mon épouse avait abandonné l'idée de changer de travail tant que nous faisions nos tentatives de PMA. Or cela n'est pas sans conséquence. Car comme je l'indique à plusieurs reprises dans mon livre, lorsqu'une tentative échoue, plusieurs sentiments se bousculent dans la tête: il y a la tristesse d'avoir échoué, tout simplement, il y a la crainte de ne jamais y arriver, il y a la difficulté de se dire que tout est à recommencer. Et s'ajoute du coup à la liste le fait que cela repousse d'autant la possibilité de changer de carrière.

Finalement, après la PMA, la situation n'est pas meilleure. Quand vient la naissance, s'en suit généralement le congés parental. Puis peut être un second enfant (c'est notre cas), et un autre congés. Bref, la reconvertion sera repoussée au final à plus tard !

Merci à cette lectrice pour son témoignage que je vous livre ci-dessous :

Je suis en train de lire votre livre. Je tenais à vous remercier pour avoir évoquer les effets d'un parcours PMA sur la vie professionnelle des femmes. Du fait du parcours, l'on peut faire aucun projet et on doit renoncer aux opportunités professionnelles car on ne sait pas ce qui peut arriver. C'est ce que je traverse en ce moment. J'ai envie de changer de cadre professionnel mais dans un tel contexte cela me parait impossible voire déraisonnable. 

Au fond, ce que est dur, c'est que l'on a l'impression de ne pouvoir se raccrocher à rien pour essayer de trouver un peu de joie ailleurs pour faire face aux échecs. 

Pour ce qui me concerne, j'ai l'impression que changer d'emploi me permettrait de me raccrocher à quelque chose de stimulant de nouveau qui pourrait "combler" le vide et la tristesse causés par deux ans et demi de PMA. Et même ça, je ne peux pas l'avoir.

S'engager dans un parcours PMA, c'est accepter de renoncer à des projets à court, moyen et long terme. On ne le dit pas assez, notamment sur le plan professionnel. Merci encore de l'avoir évoqué.

Votre femme a-t-elle attendu la naissance de vos enfants pour se réorienter professionnellement ou bien a-t-elle pris le risque de se lancer pendant le parcours?

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour,

j'ai au contraire changé de travail avant de commencer tout le parcours de soins. Avec la durée des traitements et le nombre d'examens, j'étais déjà en poste depuis 10 mois au moment de la première tentative. Cette tentative a réussi et je pense que c'est en grande partie car j'ai changé de travail. Ça m'a donné autre chose à penser, un autre projet dans lequel m'investir. Je trouve que ça a été très bénéfique: comme ça a marché, ça m'a permis de ne pas idéaliser l'enfant ou la grossesse car j'avais aussi un boulot sympa. Et que dire si ça n'avait pas marché! Au moins, j'ai un boulot que j'aime et je n'ai pas fait de sacrifices.

Le bonheur doit être la ligne directrice de la vie et si certaines zones de bonheur ne sont pas telles qu'on voudrait, il faut trouver d'autres sources de joie et d'autres projets et ne pas vivre dans l'attente et le renoncement.

Car au fond qu'est ce qui est pire: le stress d'attendre que la PMA porte ses fruits dont on ne sait pas ce qu'il adviendra, ou le stress d'un nouveau boulot, qui permet d'avoir des projets pour soi et de s'accomplir aussi par ailleurs, en tant que personne et pas seulement en tant que produit de laboratoire?

Anonyme a dit…

Bonjour,

pour cumuler vie professionnelle et PMA voire changement de boulot, vous pouvez réfléchir aux possibilités d'organisation qui le permettent. J'ai fait l'intervention en province et j'ai passé toutes mes échographies de suivi à Paris où je travaille dans un centre où le médecin prenait les RDV à partir de 6h30 le matin. Hormis les quelques jours d'intervention qui sont incompressibles, n'hésitez pas à voir avec votre service de PMA comment arranger le suivi et le traitement pour continuer à travailler normalement, sans retard le matin et sans impondérables.

C'est une vraie organisation mais si votre souhait est de pouvoir vous investir dans votre travail voire d'en changer, prenez le temps de mettre en place un suivi et un traitement qui le permettent et qui vous laissent le luxe et le bonheur d'avoir un travail qui vous plaise et vous occupe à plein temps et que le traitement soit un à côté et non l'inverse.