Transmettre l'histoire de sa famille....

C'est sur le parking d'un hôpital, dans ma voiture, que j'ai appris ma stérilité présumée. J'ai ouvert une enveloppe toute bête: dedans, il y avait un papier qui avait le pouvoir de boulever notre vie de couple. Puis c'est le choc par une seule ligne sur le compte rendu d'analyse : "nombre de spermatozoides : absence totale".

Retour en arrière...

Nous sommes en 1970. Mes grands parents paternels ont eu 6 enfants : deux garçons, quatre filles. Le premier garçon a eu deux filles. Le second, mon père, a eu une fille puis... pendant 7 ans, impossible d'avoir un second enfant.

Ma mère bénéficiera des traitements hormonaux les plus modernes de l'époque, ainsi que du désormais célèbre Distilbène dont les conséquences sur la stérilité sont avérées chez les filles, et augmentées de 30% chez les garçons. Je suis un fils Distilbène.

A ma naissance, mon grand père paternel saute de joie. Il a enfin un descendant pour sa grande famille, lui qui rêvait de transmettre son nom aux générations futures. Et pendant toute mon enfance, j'ai baigné dans cette ambiance du "dernier Coupez", celui qui a la mission de la transmission.

Lorsque j'ai appris mon état, j'ai eu deux pensées parallèles : j'ai pensé à mon épouse, et j'ai pensé à mon grand père. Je me disais que je les trahissais tous les deux.

Pendant des années, j'avais pourtant bien préparé cette transmission de notre histoire familiale. J'ai réuni les objets de la famille et leur histoire associée. J'avais même, dès 2002 commencé la réalisation d'un livre de famille, que j'ai pu écrire grâce aux récits de mon père, de mon oncle, et de quelques autres membres de la famille.

Dernièrement, l'émission de France 5 "Les maternelles" a passé deux appels à témoin en même temps, sur deux sujets différents : un sujet sur la transmission de l'histoire familiale, et le second sur la PMA vécue par les hommes.

Je me suis senti obligé d'apporter mon témoignage sur les deux sujets qui sont dans mon cas, très étroitement liés. Contre toute attente, mon témoignage sur le travail de mémoire dans ce contexte particulier a retenu l'attention du journaliste en charge de l'émission, Cédric.

Bref, mardi 11 décembre en fin d'après midi, j'étais dans les studios "Des maternels" pour l'enregistrement plateau de l'émission consacrée à ce thème, en compagnie de deux autres personnes et du très célèbre écrivant et psychanaliste Philippe Grimbert. 

L'émission sera diffusée mardi 18 décembre, à 8h55.

C'est un moment unique que d'être accueilli bras ouverts par toute l'équipe, par Cédric le journaliste en charge de la préparation, mais aussi par Nathalie, Julia, Elsa... 

C'est un moment complètement bizarre que d'être assis autour d'une petite table, en préparation de l'émission, avec les deux autres invités et avec Julia Vignali, Nathalie Le Breton, aussi sympas avant l'émission que pendant l'émission. 

C'est un moment hallucinant que de se retrouver sur ce plateau que je connais bien pour avoir regardé plusieurs fois l'émission (en particulier les passages sélectionnés par mon épouse Agnès, Fan parmi les fans). 

Et c'est une surprise de prendre conscience de l'énorme boulot de préparation, de rédaction, de synthèse, réalisé par toute l'équipe en général, et par les journalistes en particulier, dont Cédric, Pauline, ...

Bref, c'est un moment particulier qui s'ajoute à nos légendes personnelles et qui participe pleinement à mon travail de transmission. Une émission que je ne manquerai pas de montrer à mon fils Stanislas, le dernier des Coupez.